Les faisans

Les faisans

2 octobre 2022 Non classé 0

Les faisans peuvent être des espèces domestiques ou non domestiques (=exotiques).

Tout détenteur d’oiseaux ayant un accès à l’extérieur est tenu d'en faire la déclaration auprès du maire du lieu de détention des oiseaux. Cela a pour but d’être informé des mesures préfectorales de lutte contre l’influenza aviaire (1).

Pour les espèces domestiques (cf. Annexe 1), il n’y a pas d’autres obligations légales en dessous de 50 individus (2) (se référer au plan local d’urbanisme et au règlement sanitaire départemental). Concernant les troubles du voisinage, il vous faut faire attention aux nuisances sonores, olfactives et aux éventuelles divagations (3).

Les espèces exotiques doivent être identifiées et sont soumises aux règles de commercialisation, d’importation et de détention selon l’espèce.

La commercialisation et l’importation sont régies par le Règlement (CE) N° 338/97 du Conseil du 9 décembre 1996 (4). La détention est régie par l’arrêté du 8 octobre 2018 (5).

Se référer à l’annexe 1 pour connaître la réglementation de votre faisan !

Les premières questions à se poser concernent :

    • Domestique ou non ? Cela détermine la rusticité c’est-à-dire la capacité de résilience aux intempéries ou au stress.

    • Le climat d’origine ?

• Une espèce de climat montagnard supporte bien le froid mais pas l’humidité !

• Une espèce de climat tropical supporte bien l’humidité mais pas le froid !

    • Le biotope d’origine ?

Forestier ou non (à mettre en relation avec la discrétion de l’espèce et donc le nombre de cachettes), arboricole ou non (à mettre en relation avec la mise à disposition de perchoir)… le but est de reproduire le biotope d’origine.

    • Le régime et le mode de recherche alimentaire ?

Majoritairement végétal ? animal ? ou mixte ? S’agit-il d’une espèce gratteuse (comme une poule) ou piocheuse (terrain à adapter et risque parasitaire différent) ?

Volière ou pas volière ?

Bien que synonyme pour certains de prison, la volière est un atout pour les espèces exotiques : elle leur assure protection contre les prédateurs, elle prémunit les fuites et le contact avec la faune sauvage, source de maladies (notamment de l’influenza aviaire).

Principes de construction d’une volière

Elle doit être simple, pratique, solide, accessible en tout bord, facilement nettoyable, protégée des prédateurs et avec la possibilité de construire des extensions.

Le mieux est d’orienter la face la plus large au sud pour bénéficier du plus fort ensoleillement.

Pour les espèces calmes, non craintives et domestiques, on peut créer un enclos avec une clôture opaque de 2m de haut enterrée de 50 cm.

L’enclos comme la volière doit comporter un parcours extérieur et un ou plusieurs abris.

1) Parcours extérieur

  • Privilégier un sol herbeux drainé.

  • Reproduire le biotope d’origine : Plantations multi-étagées comestibles plus ou moins denses pour les espèces forestières, rochers et rocailles pour les espèces montagneuses…

  • Privilégier des rotations de pâture pour reposer et assainir le sol comme la végétation (selon la hauteur d’herbe).

  • En terme de surface, on recommande 30m² pour un couple de petites espèces jusqu’à 150 m² pour un paon (qui n’ont pas besoin de volière) : privilégier plus de surface pour les espèces piocheuses, non arboricoles ou agressives. Il y a 2 objectifs : toujours avoir une surface enherbée et diminuer le stress de compétition.

  • Sécuriser pour éviter l’ingestion de corps étrangers.

  • Multiplier les cachettes

  • Mettre à disposition un bac à poussière

2) Abri

  • Utiliser des matériaux minimisant les anfractuosités.

  • Perchoirs : section rectangulaire à coins arrondis (7), loin des murs pour ne pas abîmer les plumes.

  • Bac à déjection en dessous des perchoirs.

  • Litière sol : sable

  • Litière pondoirs : Papier au fond + chanvre/paille/foin

  • Importance de l’aération (angle du toit à 18°) + Trous de chaque côté de l’abri en haut et en bas (8)

  • Taux d’hygrométrie 30-40%

  • Chauffage à prévoir pour les espèces tropicales ou sensibles par grand froid (espèces tempérées).

  • Surface :si on prend les normes chez la poule, on peut estimer à 2-3 faisans au m².

  • L’isolation évite la condensation.

Abreuvement

Eau fraîche et propre en permanence, renouvelée tous les 2 jours. Nettoyage de l’abreuvoir à la javel chaque semaine.

Nutrition

- On peut avoir 2 façons de voir l’alimentation des gallinacées (9) :
  • La première est une vision scientifique, rigoureuse, le but est d’assurer les besoins nutritionnels de manière stricte et calculée : cette vision est compatible avec les races fragiles/exigeantes ou ultra-sélectionnées qui ont besoin d’un aliment concentré pour produire ou des races dont on veut absolument la reproduction => Granulés 90%/Verdures/Insectes Risques : obésité !

  • La seconde est une vision naturaliste, le but est d’assurer une base nutritionnelle avec des aliments diversifiés, se rapprochant du régime alimentaire dans la nature. L’aliment est distribué en plus petite quantité (ad libitum – 15%) et certains aliments sont choisis pour combler les éventuelles carences.

    Cette vision est compatible avec des races rustiques, locales ou acclimatées. => Verdures / Mélange de graines germées ou non / Insectes / Coquilles d’huitres, sèche / Levures, orties…

    Pour se rapprocher de cette vision, il faut connaître l’espèce, son régime alimentaire (à prédominance végétale, animale ou mixte) ainsi que son mode de recherche alimentaire (gratteur vs piocheur) Risques : Carences !

Peut-on trouver un compromis ?
  • Jeunes + croissance : Granulés (conserver l’introduction d’aliments nouveaux en petite quantité pour éviter la néophobie alimentaire), le but est d’amener un animal à l’âge adulte en pleine santé.

  • Adulte : Alimentation naturaliste pour les races locales/rustiques… conservation du granulé pour les races ultra-sélectionnées / Exigeantes / Reproduction

Les aliments doivent être distribués dans des mangeoires surélevées en multipliant les points de nourrissage (diminue la compétition).

Pour éviter toutes moisissures, altération des aliments, contaminations fécales, il est conseillé de laver quotidiennement la mangeoire (et de la désinfecter au besoin).

Comment choisir les granulés (10) ?

Les dindes possèdent les mêmes besoins nutritionnels que les faisans. On peut donc utiliser leurs granulés. Dans tous les cas :

    • L’énergie métabolisable apportée doit être environ de 2800 kcal ME/kg d’aliment.

    • Le taux de protéines est choisi en fonction de l’âge de l’animal : 0-4 semaines : 28 % / 4-8 semaines : 24 % 9-17 semaines : 18 % / Adultes en période de reproduction : 15 %

Ce sont des animaux très sensibles au stress : il faudra veiller à privilégier le calme, à installer des cachettes, à ne pas générer de changements brutaux dans l’enclos.

Certaines espèces sont réputées agressives vis-à-vis de leurs congénères et de leurs propriétaires : espaces, cachettes et calme sont les clés pour limiter les attaques.

L’espace restreint de la volière oblige la mise en place d’enrichissements pour favoriser les comportements exploratoires.

En effet, les enrichissements (cf. Annexe 2) permettent d’assurer la stabilité physique et mentale de votre animal. En d’autres termes, ils sont les garants du bien-être.

Les enrichissements sont de 3 ordres :

  • L’environnement : il doit être varié (en substrats, en zones thermiques, olfactives, en hauteur…), il ne doit pas être statique (changer l’emplacement des dispositifs régulièrement).

  • L’alimentation : elle doit être variée et sa recherche plus difficile qu’une simple mangeoire ! Votre faisan sera obligé de travailler, de réfléchir pour obtenir sa nourriture, cela peut vous frustrer de prime abord, mais vous découvrirez un répertoire comportemental différent, plus large et fascinant.

  • Le contact social : certains faisans sont plus sociaux à l’image d’une poule. Multiplier les interactions avec lui si cela est possible.

  • Les faisans sont très sensibles aux parasites, en particulier les exotiques(6). La conséquence directe est d’avoir une hygiène irréprochable et un suivi régulier par coproscopie au moins 4 fois par an chez votre vétérinaire traitant (12).

    Il est donc important d’établir le statut parasitaire de votre basse-cour pour ensuite traiter efficacement.

    Pour les parasites externes, tout dépend de l’infestation : c’est à vous de surveiller. Notamment les poux rouges.

  • Le choix des vaccins nécessaires (maladie de la rate marbrée, Newcastle…) est établi par votre vétérinaire traitant en fonction de la situation épidémiologique, de la législation et de la balance bénéfice/risque.

1) Entretien de l’abri

Nettoyage quotidien grossier + Changement de litière toutes les 1-2 semaines (selon saison)

2) Entretien des mangeoires et abreuvoirs

Nettoyage quotidien, Désinfection tous les 2 jours.

3) Entretien et surveillance des clôtures

4) Entretien des faisans

Surveillance Parasites externes

Longévité : 15-20-25 ans selon les espèces

Points importants à surveiller :

  • Comportement (mobile, changement d’habitude…)

  • Aspect des fientes

  • Appétit

  • Obésité

1. Arrêté du 24 février 2006 relatif au recensement des oiseaux détenus par toute personne physique ou morale en vue de la prévention et de la lutte contre l’influenza aviaire. [en ligne]. [Consulté le 20 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000268650

2. Circulaire du 10 août 1984 relative au titre VIII du règlement sanitaire départemental type : prescriptions applicables aux activités d’élevage et autres activités agricoles. [en ligne]. [Consulté le 27 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://aida.ineris.fr/reglementation/circulaire-100884-relative-titre-viii-reglement-sanitairedepartemental-type

3. Arrêté du 23 juillet 2012 relatif aux conditions d’exercice du vétérinaire sanitaire. [en ligne]. [Consulté le 20 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000026227715

4. Règlement (CE) n° 338/97 du Conseil du 09/12/96 relatif à la protection des espèces de faune et de flore sauvages par le contrôle de leur commerce. [en ligne]. Disponible à l’adresse: https://aida.ineris.fr/reglementation/reglement-ndeg-33897-conseil-091296-relatif-a-protection-especes fauneflore#:~:text=L'objectif%20du%20pr%C3%A9sent%20r%C3%A8glement,d%C3%A9finie%20%C3%A0%20l'article%202.

5. Arrêté du 8 octobre 2018 fixant les règles générales de détention d’animaux d’espèces non domestiques. [en ligne]. [Consulté le 17 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000037491137/

6. PÉRIQUET, J.-C. (2010). Les faisans & les paons, leur élevage, leur histoire et les espèces. Club de la volaille Meusienne. 324 p. ISBN 978-2-9532896-2-6.

7. FEIX, C. (2022). Maux de pattes : exploration diagnostique et traitement. In : AFVAC - Proceedings du Congrès du Groupement d’Etude des Nouveaux Animaux de Compagnie : De la crête au pompon. Mulhouse, 7 novembre 2022. pp. 48.

8. DEVAUX, L. (2022). Dossier : la poule de compagnie. Point vétérinaire. Vol. 53, n° (428), pp. 20‑44.

9. LINSART, A. (2022). AFVAC - Proceedings du Congrès du Groupement d’Etude des Nouveaux Animaux de Compagnie 2022 De la crête au pompon. Mulhouse, 06-08/11/22. 121 p.10. KORVER, D. Nutritional Requirements of Poultry. Merck Veterinary Manual. [en ligne]. [Consulté le 15 mai 2023]. Disponible à l’adresse: https://www.merckvetmanual.com/poultry/nutrition-andmanagement-poultry/feeding-and-management-practices-in-poultry

11. LINSART, A. (2022). Transcender la roue du hamster, ou l’enrichissement du milieu chez les NAC. In : AFVAC - Proceedings du Congrès du Groupement d’Etude des Nouveaux Animaux de Compagnie : De la crête au pompon. Mulhouse, 8 novembre 2022. pp. 116‑119.

12. MORISHITA, T. (2015). Chapter 18 - Galliformes. In : MILLER, E. et FOWLER, M. (éd.), Fowler’s Zoo and Wild Animal Medicine, Volume 8. [en ligne]. St. Louis : W.B. Saunders, 2015. pp. 143‑155. [Consulté le 20 décembre 2022]. ISBN 978-1-4557-7397-8. Disponible à l’adresse: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9781455773978000189

13. HUSSON, H. (2022). Élever des poules : des alliées vers l’autonomie. Paris : Ulmer. 128 p. Résiliences. ISBN 978-2-37922-234-4.

Annexes :

Annexes_faisans

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